de Vincent Calvet.
Publication juin 2018.
Extrait :
Que sont ces hautes masses qui s’élèvent, sombres dans l’obscur des temps, massives, impénétrables, peut-être jamais connues, et méconnaissables ? Que sont ces hauts rocs qui s’érigent, aux falaises abruptes, où ruissellent les pluies ? Dans l’ombre d’un ciel gris de mauvaise photographie se détache à leurs cimes un arbre tordu qui formait jadis une ombrelle à cause de sa forme générale, corps élancé et petite tête, un tronc noir et penché, maintenant brûlé par la foudre, maigre comme une tige, fragile comme une ruine. J’ai pensé aux temps où jadis l’oiseau y faisait son nid, aux temps où l’arbre était fleuri, jaillissant dans le ciel bleu d’un été riant, touffu de ses branches, lourd d’existences. J’ai pensé qu’elle devait sourire, là, la dame-à-l’ombrelle, en ces temps-là, dans l’altitude de l’air frais. Et ce n’était pas un rocher triste et gris comme un squelette, un cadavre consumé, mais une grande robe flottant au vent, montrant des jambes imperfectibles, blanches et légères comme l’air.